Située près de Lourdes, la ville de Bagnères-de-Bigorre est connue pour ses eaux aux vertus thérapeutiques. Cette série réunit des photographies prises dans la région lors de rencontres avec des personnes qui proposent des soins situés hors du circuit traditionnel de la médecine occidentale et qui impliquent, d’une manière ou d’une autre, l’eau : naturopathes, verseurs d’eau dans des huttes de sudation, médiums, personnes qui réalisent des quêtes de vision, etc. L’eau fait alors office de passeur : intermédiaire entre les personnes et vecteur de transformations.

Élément insaisissable, quasi immatériel, l’eau possède une puissance évocatrice forte. Elle est à la fois reflet et surface, tout en symbolisant les profondeurs, en référence aux sources qui naissent sous terre et aux grottes que son passage a creusées dans la roche. Elle est aussi au cœur de nombreuses croyances, de par sa capacité à nourrir les imaginaires, croyances qui se trouvent aujourd’hui réactivées dans les Pyrénées au sein de communautés néo-rurales et post-hippies.

À rebours de toute démarche documentaire, la retouche est ici omniprésente, augmentant le sentiment d’étrangeté. Tout aussi systématique, le flash aplatit quant à lui les volumes et transforme les éléments photographiés en simples surfaces. Au sein d’espaces extérieurs et de paysages qui deviennent comme des décors, la réalité glisse progressivement vers la fiction. Aussi ambivalentes que l’eau et ses miroitements, les images produites brouillent les pistes, entre véracité, croyances et apparitions.


Cette série a été réalisée dans le cadre d’une résidence de territoire de deux mois organisée par Traverse à Bagnères-de-Bigorre.