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Invité à participer aux Rencontres de la jeune photographie internationale organisées par la Villa Pérochon à Niort, l’artiste propose pour son temps de création de passer une semaine dans la maison d’une famille qu’il ne connaît pas. Accueilli par un couple, Anne et Olivier, il prend la place d’un de leurs enfants, qui ont tous quitté la maison. Il partage avec eux un ensemble de moments de cohésion qui en un sens « font famille » : les repas, les temps dans le jardin, les courses au supermarché, etc.

Mais l’essentiel de la série est constitué d’autoportraits réalisés dans la maison. On y voit l’artiste, souvent seul, dans différentes pièces. Il investit les lieux et d’une certaine manière, prend la place des autres enfants. Tel un coucou né dans le nid d’une espèce d’oiseaux qui n’est pas sienne, il prend possession des chambres, manipule les affaires des enfants, porte leurs vêtements, même quand ils sont là.

Exactement comme dans le Théorème de Pier Paolo Pasolini après l’arrivée de son mystérieux visiteur, la présence soudaine de l’artiste bouleverse le quotidien de cette famille. Des liens factices sont noués, autour d’une intimité fabriquée. En s’appropriant les lieux comme s’il était chez lui et en se faisant passer pour le fils qu’il n’est pas, il occupe finalement la place que la famille décide de lui accorder. Son corps n’incarne rien d’autre qu’une absence, celle de l’enfant qui n’est plus là, tout en lui permettant d'éprouver ce que cette mise en présence génère.